Roooo ^^

Dehors il a fait froid, on était deux au début, pis on était trois, il a quand même pas fait chaud, peut-être aurait-il fallut refaire le monde, refaire les murs, limiter les horizons et tout casser.
Ben on l'a fait. A trois. Le monde.
On a vu la vie sur les veines, et un bout de feu joyeux qui dansait sur la musique de fond mélangée au film. Y avait des bulles partout autour de nous, ça réchauffe, les bulles.
On a eu tant de haine, tant de peine, tant de rancoeur, tant de choses... fascinantes.
On a refait le monde.
Et le monde nous a eu.
On l'avait cherché, c'est sûr. Mais bon. Il aurait pu faire semblant. Pour une fois. Ca aurait été sympa de sa part. De pas nous tomber dessus. Elle aurait pu savoir de quoi étaient ses larmes. Mais non. Du coup tout a été mélangé. Tout. On s'est mélangé entre nous, on savait plus qui était qui. On a mélangé les objets entre eux, les idées aussi. Apres on a tout mis dans un mixer. On a mélangé. On a remarqué que de tout c'est les idées qui restent les plus hautes. Qu'on a beau les mélanger à tout ce qu'on veut, elles restent à l'écart.
Alors, les idées qui flottaient, qu'on a mélangées, qu'on a partagés, qu'on s'est trouvés sur la même planète, enfin, qu'on a pu se comprendre, ces idées là, elles ont été baffées par le monde. Et qu'on a compris, une fois de plus, que ça ne rime à rien. Elle a compris de quoi étaient ses larmes à ce moment-là. On a revécu quelques moments, on pensait les derniers, peut-être. Ca arrive souvent de croire faux. On a revécu nos vies mélangées.
Pis à force d'user de lucidité, on a encore plus compris. Elle a encore plus pleuré. Il a mis tant et tant de musiques qu'il en était perdu. J'ai vu qu'être lucide c'est un peu sado-maso. Au centre, pas que sur les bords.
Pis on a ri, on a pleuré, on a ri, on a ri, on a pleuré. On s'essuyait les larmes de paroles, d'histoires, de leurs histoires. Jim Morrison. John Lenon. C'est lui qu'on a tué apres avoir lu ce bouquin. Syd Barrets. Le dernier de la famille Kroupp. Tant d'autres. Valerie Valère, lui, elle, d'autres. On s'est montré nos marques.
On s'est dit qu'on allait partager, chacun notre tour, ce qu'on trouvait.
A ce qu'il parait on est tous fous. Nous trois. Parce qu'on est morts depuis longtemps, et qu'on croit que quelque chose va changer. C'est ça la folie, de continuer à faire pareil et de croire que la suite changera. On est fous depuis longtemps.
C'est pas sain d'être avec des fous. Mais on est pareil.
On sait encore plus, maintenant, que le passé est trop beau, que le futur ne pourra jamais arriver à sa cheville, que le présent est trop long pour attendre ce qui ne viendra jamais. Que tout ce qu'on fera servira à rien. Que tout est fini depuis tant de temps.. Qu'on est des miracles de la vie, de la mort, qu'on n'est plus trop.
Moi j'ai compris que le premier qui ose les deux autres le suivront. Comme dans Virgin Suicides.
J'ai dit que déplacer le problème n'était pas la solution. Et qu'on arriverait jamais à le supprimer. Juste à le déplacer. J'ai dit que ça tourne en rond.
Ils me fascinent. Lui.
Tout est vain.