Je creuse.
Dans mes reins, dans les leurs. Dans leurs yeux je vois une tombe, et je creuse. Tous les jours, à chaque moment. Juste par choix, juste pour voir, pour aller plus loin, plus profond. Y en qui aiment, plus profond. Moi je creuse. Ils aiment que je les creuse. Que je me creuse. ils disent c'est plus pratique. Et elles, elles ne font qu'observer. Mais elles se comparent. Pour voir.

Je creuse en moi. Avec du chimique. Et du naturel. Avec rien. Juste pour dégommer mes os. Pour les voir, les toucher à mains nues. Pour voir un grand trou qui fume aussi. Braises qui fument.. A l'interieur. Pis personne le saura, c'est entre moi et moi. Creuser pour chercher l'introuvable.

Je creuse autour de moi. Avec les mains, et les absences fidèles. Je creuse pour pouvoir m'enterrer plus rapidement, et pour qu'on m'oublie. Pour qu'on me critique, mais ça, j'm'en fous, je suis pas là quand on me critique.
J'efface les traces de terre entre mes ongles, je reste dans ma crasse, je m'enfuis en les enfermant dehors. Je creuse un trou, tellement profond que personne n'en verra le fond, que personne ne me verra au fond. En train de gratter. Enfermée dans un trou. Lieu inaccessible à tout être, sauf à ceux qui creusent.
Au bout de ce tunnel, il y a un trou noir, qui aspire tout, qui m'attire, même avec toute cette entre nous. Entre lui et moi. Entre eux et moi. Entre vous et moi.
Je passe à travers les mailles de tous les filets, comme l'eau qui file entre les doigts ; non, personne arrivera à m'avoir, et à me comprendre.
Y a pas de fond. Y a juste les murs. Et les regards.