J'ai le droit de descendre un peu plus ? J'en ai envie. Ca m'attire. Pis j'y suis pas restée longtemps en bas. J'ai déjà oublié comment c'était.

Vous savez je suis cassée. Cassée de l'intérieur, une partie se voit pas, une autre si ; moi je les vois toutes deux. Vous savez je suis trop haut placée, trop bien placée, pas assez bien cassée.

Vous savez j'ai mangé mon dîner. Y en a trop, un peu. Même beaucoup. Mais je m'ennuie. Pis je dors beaucoup, pas assez pour m'évader.

Vous savez j'ai envie de m'envoler de ma chambre. Vous savez je suis pas assez bas. Vous savez j'ai envie de descendre par n'importe quel moyen. N'importe quel moyen. N'importe à tous.

Vous savez j'ai besoin de me sentir nulle pour exister. Sans ça je serai "normale", "dans la moyenne", "comme il faut", histoire de "plaire à tout le monde". Comme toujours. Mais j'ai pas envie d'une vie comme ça...

J'ai plus envie de vie...
J'ai plus envie de causer dans le vide, de fatiguer, de me battre contre moi, contre du vent, et contre moi. Et contre le vent. Et contre moi.

Si je rendais les armes, ça ferait quoi ? si je réussissais à partir, ça ferait quoi ? Je pense pas que les gens y trouvent de la peine. Pis ça coûterai moins cher la bouffe, le chauffage, l'eau, tout ça... de toute manière y aurait personne à part mes parents qui mourraient de chagrin. Mais c'est grave, ce sera leur tour, de voir, de ressentir pareil, d'être non-aidé, d'être incompris, mal compris, trop encadré, sous sédatifs, sous anti depresseurs. Mais ils referont leur vie, après, donc c'est pas vraiment grave.

J'ai envie d'avoir mal, très fort. Et doucement. D'avoir mal à en mourir, oui, peut-être. Je sais pas trop ce que j'attends. Mais c'est trop long, j'ai envie de basculer les choses.

Vous savez pas trop quoi dire, ni quoi faire. Mais c'est pas grave. C'est bientôt fini. Vous ne sentirez plus rien. C'est comme ça.

Dans la vie vous avez des gens qui passent, d'autres qui restent près de vous, pis ceux qui passent, un jour ne donnent plus de nouvelles, ben tant pis, on s'arrête pas sur leurs absence. On vit avec les présents.

Le cerveau il marche bien, il fait qu'on oublie les gens, peu à peu, et finalement on n'y repense plus du tout, on a effacé de notre mémoire les gens "externes" à notre vie. Les "anciennes" personnes, celles appartenant au passé.

Vous savez, je m'éloigne. Vous savez, bientôt je dirai plus rien. Vous savez c'est comme ça, et vous n'y pouvez rien. Vous savez, faut pas faire attention ; ça arrive tous les jours.