J'envie le bonheur des autres. des autres qui sont pas malades comme nous, qui sont pas pourris de l'interieur comme moi... j'envie leurs rires, leur insouciance, leur joie de vivre, leur bonne humeur naturelle.

Je me sens pas humaine. J'aimerai etre du vent. ou de l'eau. pour ne pas avoir de visage, pour ne pas montrer, ne pas cacher... ne pas me cacher. je pourrais etre partout, je flotterai, je deviendrai une bulle, un océan de bonheur, de vie, je ferai tournoyer les feuilles dans la foret, je ferai danser les cheveux des jeunes filles, je passerait sur la peau des jeunes hommes, je resterai dans les cheveux des gamins.
Je ferai de l'energie, je cognerai les eolienes, les bateaux, les rochers...
Je porterai des oiseaux, des aigles, des avions, du feu.

je peux pas.
je suis humaine.
je n'ai meme pas d'ailes.
pas de puissance.
je ne porte personne. je ne sauve pas le monde. pour les cheveux, je les arrache. meme pas de fureur. juste par douceur. pour la peau touchée, je n'ose meme pas la regarder. pour tournoyer, oh non, ça ne se fait pas. j'ai le mental à zero, le cerveau constipé, le moral raleur.

mais les autres... avec leur bonheur... il est beau leur bonheur... il est coloré... il brille de loin... il est intense... il est d'une insignifiante beauté... il est presque iréel. il est grand pourtant. immense. et fort. j'aimerai bien en avoir un aussi...
"encore un caprice.. non je t'en acheterai pas. c'est trop cher. et t'es trop petite pour jouer avec."
mais c'est gratuit...
"tu le merites pas"
mais personne le merite...
"toi encore moins. tu ne sauras pas le faire durer. tu le detruiras en quelques jours"
oui, sans doute... je le laisserai dans un coin par habitude... par ennui... mais pourquoi ils en ont un, eux ?
"parce qu'ils le meritent, et qu'ils savent s'en servir. et puis il ont de l'amour en eux. et ils ont des gens qui les aiment"
...
..
.


j'en veux. et une fois que j'en aurais, j'en demanderai encore, je veux en faire une orgie, je veux à en avoir trop, j'en veux à en etre malade, j'en veux à en vivre. j'en voudrai encore, jalousement, egoistement, j'en veux, pour moi, pas pour les autres, mais j'en veux encore et toujours plus... j'en veux. j'en veux à en avoir mal au ventre, j'en veux à en prendre 10 kilos d'un coup, j'en veux tant pis si y en a pas pour les autres, j'en veux, et si y en a plus, je volerai celui des autres, je vivrai, je pleurerai, je rirai, je danserai, je mimerai, je jouerai, je m'exalterai des parfums, des gouts, des saveurs, des couleurs, celles d'une eclatante couleur.



j'en aurai tellement que je m'en lasserai. je le mettrai dans un coin, je l'oublierai.. il prendra de la poussiere, beaucoup, une grosse couche de poussiere collante, elastique, gluante...
puis, un jour, je m'en rappelerai, je le chercherai, je le trouverai. ou encore je regarderai dans les coins, juste pour essayer d'enlever un peu de poussiere grise, histoire de voir la couleur du sol, et de la peinture. et je le verrai. peut-etre que je le regarderai, merveilleuseemnt. peut-etre que je le laverai, jusqu'a ce qu'il soit etincelant. je l'emballerai dans un beau papier cadeau. et je te l'offrirai.
je l'offrirai, parce que tu sauras en prendre soin. tu ne l'oublieras pas. tu ne le laisseras pas trainer. tu le cheriras. avec toi il grandira. il s'epanouira.
et toi, tu rayonneras. et toi, tu brilleras. et toi, tu l'aimeras. et toi, tu danseras. et toi, tu gouteras a la vie. a ses couleurs. a ses saveurs. a son gout petillant. tu retrouveras les etoiles perdues. tu retrouveras le rire. grace à ton bonheur devenu grand, tu pourras le partager. tu pourras en donner. tu pourras l'etirer. tellement qu'il pourrait contenir le soleil.

Et moi je leviterai...