Je suis idiote, j'ai cru que le temps était méchant, mais en fait j'en ai trop et je l'utilise mal, c'est tout.
Ce soir j'ai mal au crâne, parce que je me suis jetée sur mes bouquins reçus, enfin, et ça fait du bien de se poser enfin, d'entrer dans l'histoire, d'imaginer, d'inventer autour.
Ca fait du bien de se poser, et de ne plus fuir sa vie, ou ne plus se laisser dépasser par tout ça. Ne pas reflechir, aller rêver un peu des vies imaginées. S'oublier, pas complètement, juste un peu. Se laisser bercer par le temps qui passe et les mots qui défilent.
Le téléphone qui sonne, on se réveille de ce demi-rêve, à moitié envouté, drogué par l'ambiance de ce bouquin.
Je lis Vera.

Cette nuit je sors, peut-être, pour leur dire au revoir, s'ils passent pas loin et que je dors pas encore. J'ai super envie de dormir déjà. Ou de lire. Finir le bouquin, cette nuit, même avec ses 200 pages.
Xavier je l'ai vu hier, son haleine sentait la rose, si si, j'y ai fourré mon nez à deux reprises, pour être sûre que c'était bien la rose. Sur les Champs, exactement.
Si on se voit, avec eux, on jouera de la guitare. Quelque part au chaud. Ici peut-être, parce que Xavier il veut plus les voir. Il a marre qu'on squatte chez lui. Qu'ils squattent chez lui avec tant de "tendresse". Pas encore du sexe, que cette tendresse. Leur tendresse qui leur fait oublier qu'ils ne sont pas tous seuls, et qu'on est impair. Et que l(es) autre(s), ils sont pas venus les voir s'enlacer et se chuchoter des choses tout le temps, non, moi c'est aussi pour les voir et pouvoir discuter avec eux. Au moins se sentir présente, et pas que pour faire déco. J'ai pas besoin d'eux pour me sentir pot de fleur. C'est pas sympa de leur part. Mais bon on va appeler ça la vie. La vie c'est pourri au fond. C'est pour ça faut pas reflechir. Ouais, faut pas. Faut s'arrêter au simple. Ouais mais c'est nul.

Y a un voisin, mon voisin, il est beau. Il est vraiment beau. Il est féminisé, énormément, il est magnifique. Je me demande si j'ai pas un penchant pour les filles. Parce qu'il est belle en fait. Y a juste sa voix qui rappelle ses gênes masculins. De toute manière il est pris. Mais il est beau.

Il est nul cet article, c'est pas du tout à ce que je pense pour de vrai, j'essayes de pas penser à ce qui me trotte dans la tête, mais ça marche pas, alors je vais retourner à ma drogue douce, finir ce bouquin, tout en le laissant durer le plus longtemps possible.
J'ai envie de gueuler, de taper, de faire quelque chose qui ferait que j'oublie.
Quand on arrive à oublier c'est bien.
Quand on fait la guerre au temps, c'est bien de se le faire voler, quand y en a trop. Dormir..
J'aimerai bien savoir gérer tout, m'organiser, pour pouvoir ne pas péter de plomb quand on me rajoute des trucs à faire.
J'aimerai bien un moment à moi, que personne me piquerait, que je disposerais comme j'en ai envie.
J'aimerai qu'on arrête de me prendre pour supernana, qu'on m'fiche la paix, qu'on arrête de me saoûler avec tous les problèmes du monde, problèmes qui ne vont jamais disparaître, y en aura toujours d'autres, des nouveaux, plus ou moins gros, plus ou moins lourds.
J'aimerai qu'on arrête de me prendre pour "amie" alors qu'on a que le sang en commun et l'argent pour la bouffe. J'aimerai que certaines personnes arrêtent de dire qu'elles sont fatiguées, qu'elles ont mal partout, qu'elles peuvent pas faire ci ou ça et queje dois tout faire à leur place. Les remplacer. Je veux remplacer personne, j'ai déjà fait, je me suis paumée entre toutes les personnalités, les rôles différents à jouer, c'est lourd quand c'est toute la journée. J'aimerai qu'elle arrête de me prendre pour Jésus. Sinon je vais y croire, je vais continuer à croire que je peux être meilleure que lui et mourir pour faire comme lui.

Le temps qui passe il m'enerve parce que je suis sensée mûrir et avoir plus de responsabilités, avec le temps qui passe et ses forces qui baissent. Genre, pourquoi elle partagerait pas ses responsabilités avec d'autres, hein ? et pourquoi ses joies elle les partage avec tous sauf avec moi, hein ? Je suis la boniche, hein ? J'ai envie de pleurer mais j'ai envie de rire, quand je vois la futilité d'un geste qui peut tout changer.
Et une autre qui dit : "heureusement qu'on a des enfants, ils servent à quelque chose, surtout quand on est vieux". Moi j'en veux pas, je veux pas infliger ça, à personne. Surtout s'il l'a pas demandé.
Je veux pas non plus vieillir. Pourrir et que ça se voie. Demander rien à personne, juste qu'on me laisse tranquille, pour de bon, pas pour quelques minutes. Pour de bon. Mais ça, je l'aurais pas, jamais, même si je décidais de vivre sur une autre planète. On trouverait toujours un moyen pour me joindre, par des ondes radios ou par des messages lumineux, peu importe, et je serai jamais tranquille.

Et eux qui veulent savoir pourquoi. Pourquoi je veux pas parler, pourquoi je veux pas leur parler, pourquoi je veux pas les écouter parler. Parce que je suis égoïste et je pense qu'à ma mère qui a besoin de moi, physiquement parlant, économiquement parlant, et mentalement parlant. D'ailleurs n'en parlons pas.

J'ai envie de rêver, mais l'arrivée à la réalité est dure. Pis ça prend trop de temps de rêver, et le temps c'est ma mère.
Je suis méchante d'écrire tout ça.
Ma mère elle est sympa, avec tout le monde, sauf avec sa fille, c'est tout. Y a rien à craindre pour le reste du monde. Je suis là, je "gère". Elle sait pas se gérer elle-même, alors je la gère, et je me gère, en fait tout va bien ici, faut pas s'inquieter, ça sert à rien.

Je hais le temps.

J'arrive pas à me calmer, j'ai cette rage, fureur depuis quelques jours, j'arrive pas.
Mais je dis rien, j'hurle sur personne, je m'enerve pas, pas contre les gens qui font rien de mal, mais ça m'enerve de pas pouvoir évacuer tout ça, les gens ils m'ont rien fait, ils ont pas à payer pour mes états d'âme.
Ca m'enerve. Hier je voulais pas les voir, pour pas leur gueuler dessus pour un rien.

Hurler ça résoud rien. On te prend pour une tarée et on t'écoute pas, on se fout de toi, on t'ignore.
Youplaboum, tu te retrouves encore plus seule que t'étais déjà.
Non, faut pas hurler, personne n'écoute.